cas, pour les hommes, l’émancipation économique des femmes semble être synonyme de perte de pouvoir, comme si le fait que les femmes aient plus de pouvoir implique que l’homme en ait moins. Faible accès à l’éducation et à la formation Au Burkina Faso, le taux d’alphabétisation est estimé à 20 % chez les femmes contre 38 % chez les hommes en 2010 (INSD, 2010)11 alors qu’un taux d’alphabétisa- tion d’au moins 40 % est nécessaire pour amorcer le développement selon l’UNESCO. Le fort taux d’anal- phabétisme parmi les femmes et leur faible accès à la formation professionnelle, constituent également un handicap pour leur autonomisation économique. Exclusion des services bancaires et du crédit 21 % des femmes ayant suivi un cursus secondaire ont un compte bancaire à leur nom, contre 11 % de celles ayant reçu un enseignement primaire, et 5 % de celles n’ayant jamais suivi d’enseignement. Dans la plupart des cas, les femmes ne remplissent pas les critères re- quis pour obtenir un compte bancaire, et sont obligées d’avoir recours à des prêteurs informels pour réaliser une activité économique (Banerjee et Duflo, 2007)12. 3.3. Conséquences et perspectives face au problème Faute de moyens, de compétences et de temps, les femmes burkinabè n’ont pas la possibilité de développer une activité économique à part entière. Les discriminations économiques à l’égard des femmes freinent le développement du Burkina Faso. Elles réduisent à la fois la productivité agricole, le potentiel de la force de travail et les revenus générés. En 2010, les inégalités de genre sur le marché du travail ont provoqué une perte de revenu totale de 18 % du PIB au Burkina Faso (Cuberes et Teignier, 2014)13. Libérer les femmes de ces normes sociales permettrait une augmentation de 28 000 milliards de dollars (USD) du PIB mondial (soit 26 %, Woetzel et al., 2015)14. 865 millions de femmes pourraient contribuer pleinement à l’économie de leurs pays. L’égalité concernant l’accès aux ressources pourrait augmenter la productivité agricole de 6 à 20 % selon la région (Udry, 1996)15. Mais au-delà des pertes purement économiques pour le pays, il est primordial ici de mentionner les conséquences directes sur la santé psychologique et physique des femmes elles-mêmes. Celles-ci doivent s’occuper de la plupart des tâches familiales, comme nous l’avons dit plus haut, mais n’ont pas leur mot à dire quant aux prises de décision dans la famille. De même, elles sont bien souvent responsables des récoltes et d’autres activités agricoles, mais ont un accès plus que restreint aux ressources et aux biens. Elles ont les responsabilités sans les bénéfices. Il faut noter que le talent, la créativité et le dynamisme en affaires de l’ensemble de la population sont néces- saires à une croissance économique durable. En outre, l’augmentation du revenu des femmes et leur contrôle accru sur les dépenses familiales peuvent se traduire par des améliorations au chapitre de la nutrition, de la santé et de l’éducation des enfants et, ce faisant, contribuer à briser le cycle de la pauvreté intergénéra- tionnelle. Comme les femmes constituent la majorité des pauvres, l’amélioration de leur situation écono- mique peut aussi contribuer directement à réduire leur pauvreté et à accroître leur bien-être. L’autono- misation des femmes se traduit par des indices de développement humains plus élevés. 11 12 13 14 15 Institut National de la Statistique et de la Démographie. Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSBF-MICS IV) 2010. Banerjee, A. V. et E. Duflo (2007), « The Economic Lives of the Poor » Journal of Economic Perspectives, vol. 21, n° 1, pp. 141–168. Cuberes, D. et M. Teignier (2014), « Aggregate Costs of Gender Gaps in the Labor Market: A Quantitative Estimate », UB Economics Working Papers, n° 2014/308, Universitat de Barcelona, Barcelona. Woetzel, J., A. et al. (2015), The Power of Parity: How Advancing Women’s Equality Can Add $12 Trillion To Global Growth, McKinsey Global Institute, New York. Udry, C. (1996), « Gender, Agricultural Production, and the Theory of the Household », Journal of Political Economy, vol. 104, n° 5, pp. 1010–1046. 3. Communes engagées dans la réalisation de la stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat féminin 2016–2025 33